Ce que disent les parents :
Les parents qui nous consultent disent par exemple :
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« Il avance vite, il rentre de l’école, connaît déjà le cours… mais les devoirs posent problème, il ne veut pas apprendre par cœur,… »,
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« Il est actuellement en CE1, il sait déjà faire des multiplications, fait de l’anglais, de la musique, voudrait faire du chinois,… »,
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« Il apprend vite, il a fini avant les autres et doit attendre,… »,
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« Il a fini avant les autres et commence à perturber la classe, il gigote, papote,… » ou encore « Il a fini avant les autres, ouvre un livre et reste dans son livre,… »,
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« Il est en classe à double niveau et n’arrête pas de me raconter ce qu’apprennent les enfants de l’autre niveau,… parfois, il répond à leur place… »,
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« Il a du mal à faire sa place,… il n’a pas les mêmes goûts que les autres enfants,… »
Premiers signes de la précocité intellectuelle :
Pour son âge, l’enfant précoce fait preuve d’un niveau de connaissances et de facultés d’assimilation élevés. Avancé sur le plan du langage, il possède un vocabulaire précis et étendu.
Avide de comprendre les mécanismes, les idées qui relient les choses, il est curieux et pose de nombreuses questions qui visent à clarifier ce qui lui semble nébuleux. Ses réflexions révèlent une maturité intellectuelle inattendue à l’âge considéré.
Les intérêts de l’enfant précoce sont décalés par rapport à ceux des enfants de son âge. En conséquence, il recherche tout particulièrement le dialogue avec l’adulte susceptible à la fois de lui accorder l’attention et les réponses qui lui font défaut.
L’enfant précoce est curieux des limites et de l’origine des choses. Ce qui traite de l’infiniment petit, de l’infiniment grand, des origines de l’univers, de l’homme, le captive.
Les intérêts sont entre autres marqués pour les astres, la préhistoire ainsi que pour les jeux intellectuels et de stratégie.
L’association de plusieurs facteurs doit suggérer une précocité. Aucun trait considéré isolément ne porte toutefois en soi l’évidence du don intellectuel.
Des boulimiques de connaissances nouvelles :
Certains enfants précoces lisent de façon régulière un à deux livres brochés par soir… La surconsommation de livres apparaît comme un succédané de stimulations en réponse à des sollicitations scolaires insuffisantes.
Cette boulimie de connaissances emprunte également d’autres vecteurs. Les enfants qui ont accès aux CD et DVD-ROM éducatifs les dévorent à une vitesse effrayante pour les parents qui connaissent le coût des précieux disques.
Les facteurs qui masquent la précocité :
Les enfants précoces et notamment les garçons, éprouvent parfois des difficultés importantes dans l’écriture.
Le développement psychomoteur n’est pas synchrone avec le développement intellectuel. Ils s’énervent à voir leur main peiner sur le papier et peuvent se crisper.
Des discordances peuvent frapper entre la pertinence des remarques et un comportement qui peut encore être très « bébé» chez certains enfants.
De même, il peut exister un décalage troublant entre la rapidité de compréhension et une relative maladresse dans certaines activités pratiques ou sportives.
Notons encore que la détection de la précocité peut être obscurcie par des facteurs qui la rendent discrète telle la timidité par exemple et d’une façon plus générale par l’introversion.
Repérage de la précocité intellectuelle :
Les parents ne sont en général pas spontanément enclins à imaginer leur enfant précoce, surtout lorsqu’il s’agit de leur premier.
La prise de conscience d’une possible précocité intellectuelle (2,3 % des enfants) peut demander des années. Elle est généralement consécutive à un cumul de signes, à des alertes répétées de l’entourage.
Observateur privilégié, l’enseignant peut être sensibilisé par le niveau de connaissances et la rapidité d’assimilation de l’élève. Face à une problématique nouvelle, l’enfant précoce comprend en effet vite les problèmes sur lesquels les autres butent.
Pressentant qu’un enfant est précoce, l’enseignant parlera rarement d’intelligence et indiquera plutôt à son sujet qu’il « connaît beaucoup de choses pour son âge », qu’il « a une grande mémoire », qu’il « retient bien ».
D’autres professionnels tels les médecins signalent également souvent aux parents les facultés particulières de l’enfant et incitent au dépistage.
L’enfant précoce en primaire :
Si l’enfant est intelligent, il doit réussir, a-t-on tendance à penser. Les statistiques concernant les résultats scolaires des enfants précoces au collège démentent toutefois formellement cette idée préconçue.
En effet, un enfant précoce sur deux est en difficulté ou en échec en fin de collège.
Cette faillite est la conséquence d’un étagement des programmes du primaire inadapté aux besoins des enfants précoces.
L’ennui :
Si l’échec de ces enfants devient massif au collège, il touche 15% des enfants précoces dès le cycle primaire.
Quelle est l’origine de ces difficultés ? L’ennui.
Perpétuellement bridé dans son rythme d’apprentissage, l’EIP (Enfant Intellectuellement Précoce) est facilement gagné par l’ennui. Cela le porte à soustraire son attention de plus en plus souvent et sans s’en rendre vraiment compte aux leçons. Le phénomène peut le gagner d’autant plus que la précocité est élevée.
L’énergie de l’enfant précoce, sous-employée par les apprentissages scolaires va se réorienter dans des comportements de dérivation plus ou moins accentués.
Accablés par un sort qui les cantonne à des réapprentissages successifs, qui les marginalise, certains enfants finissent par développer un mal-être insupportable.
Un étagement des programmes inadapté :
Conçu de façon à permettre la réussite du plus grand nombre, le rythme d’apprentissage durant le primaire est un rythme moyen. Un certain nombre d’enfants sont à l’aise dans ce rythme alors que d’autres peinent continuellement.
En marge de la norme, l’enfant intellectuellement précoce se voit imposer la répétition à de multiples reprises de connaissances immédiatement assimilées. Il le subit quotidiennement et de façon récidivante jour après jour, mois après mois. Un large recouvrement des programmes d’année en année, accentue encore les redondances.
Parce qu’il met en veille la motivation, qu’il empêche le nécessaire entraînement des facultés d’apprentissage, un tel niveau de répétitions est nocif, anti-pédagogique pour l’EIP.
Les parents maintiennent l’enfant dans sa classe normale :
Lorsque l’extraversion, l’impatience, dominent, l’enfant peut s’affirmer suffisamment pour être entendu dans son sentiment de frustration. Il gagne alors des chances d’être dépisté et reconnu dans sa précocité.
Mais parce que les difficultés scolaires de l’enfant précoce apparaissent essentiellement au collège, les parents sont le plus souvent confortés, année après année, dans leur choix de maintenir l’enfant dans sa classe normale durant le primaire.
Plus les années passent, plus l’écart d’âge mental de l’enfant précoce avec les enfants de son âge réel s’accentue et plus le programme devient facile, ennuyeux, décalé par rapport à ses capacités.
On pourrait croire que cet écart creusé va amener ces enfants à se rebeller contre une réalité devenue insupportable. On constate cependant qu’au fil des années, une capacité accrue à supporter l’ennui permet à beaucoup d’enfants de tolérer cet environnement scolaire inadapté.
Les conditions sont alors réunies pour que le piège ne se referme qu’au collège, c’est-à-dire déjà tard par rapport aux processus de maturation.
Comportements de dérivation :
Si dans la classe un enfant précoce s’ennuie constamment parce qu’il est « sous-alimenté » intellectuellement, ce n’est souvent pas le meilleur élève. Il n’est le plus souvent que parmi les meilleurs.
Jour après jour, mois après mois, année après année, l’obligation de progresser lentement par longs paliers répétitifs le pousse à réagir ou à se résigner.
Dès le primaire, les résultats scolaires peuvent être très fluctuants. 15% sont en échec mais peuvent néanmoins se montrer brillants devant des problèmes qui font trébucher les meilleurs.
Ceux qui ne veulent pas se révolter trop ostensiblement s’évadent comme ils peuvent. A la faveur d’un mot évocateur, la voix de la maîtresse est reléguée au rang de fond sonore et un imaginaire riche émerge sur la scène intérieure.
A la manière des dauphins, l’enfant plonge alors dans les profondeurs de son imaginaire. Épisodiquement, il fait surface, comprend ce qui est dit et s’immerge à nouveau dans ses pensées.
Alors que certains enfants sombrent ainsi lentement dans une demi-torpeur d’autres s’opposent à l’engourdissement par des agitations diverses.
L’humour permet à certains de mettre du sel dans un quotidien insipide.
Privé de difficulté :
Dans le primaire, la plupart des enfants précoces réussissent bien en ouvrant peu ou pas leurs cahiers à la maison.
L’enfant précoce dominant trop facilement le programme est privé d’une composante majeure de l’enseignement : la difficulté. Surmonter la difficulté nécessite de concentrer son attention pour comprendre, de produire des efforts pour apprendre. Ces facultés s’entraînent, se forgent à l’usage.
Selon son âge et son niveau de précocité, l’âge mental de l’enfant précoce est de 2 à 7 ans supérieur à son âge réel.
Le dépistage objectif de la précocité intellectuelle nécessite de procéder à un test de QI.
La plupart des parents sont peu enclins à imaginer leur enfant précoce. Ils ressentent souvent le dépistage de leur enfant comme un geste lourd et y songent de longs mois avant de prendre leur décision.
Du point de vue de l’enfant précoce, la passation du test est vécue comme un plaisir.
Cela s’explique par le caractère ludique à leurs yeux du test qui leur permet d’exprimer le maximum de leurs possibilités intellectuelles. Ce qui n’est pas fréquemment cas dans leur quotidien scolaire.
Souvent, lorsque nous testons le petit frère ou la petite sœur, ils aimeraient recommencer !